Lucy Krohg: plus qu'une muse
Assez peu présente dans les ouvrages abordant l’histoire de l’art du XXe siècle, Lucy Krohg (1891-1977) a pourtant été une figure emblématique du Montparnasse cosmopolite des années folles.
Modèle de peintres, puis galeriste place Saint-Augustin, elle a côtoyé, inspiré et travaillé avec les noms les plus importants du milieu artistique international de l’époque : du bulgare Jules Pascin au norvégien Per Krohg en passant par le sculpteur américain Cecil Howard.
Née en 1891 à Issy-les-Moulineaux, de père français et de mère suisse-allemande, Cécile Vidil – elle prendra le nom de Lucy Krohg suite au mariage avec l’artiste Per Krohg – était surtout une femme émancipée, à l’esprit libre, comme les nombreuses femmes, souvent méconnues, actives dans les milieux artistiques de l’époque.
Muse du peintre Jules Pascin, avec lequel elle tisse une amitié amoureuse, c’est elle qui trouvera son corps dans son atelier après son suicide, accompagné du mot « Adieu Lucy ». Conjointement avec l’épouse de Pascin, l’artiste Hermine David, elle hérite de son oeuvre et en sera l’administratrice.
En 1932, elle ouvre la galerie Lucy Krohg au 10 bis place Saint-Augustin, pour vendre les œuvres de Jules Pascin, de sa femme, Hermine David, dont elle continuera de s’occuper à la place du peintre, et de nombreux autres artistes: Marcel Gromaire, Pierre Dubreuil, Oskar Kokoschka, Edouard Goerg, Suzanne Valadon et ses élèves, Carlos Botelho, Zoum Walter, Jacqueline Lamba, … Elle est alors une des rares femmes galeristes de Paris.
Elle était elle-même artiste : en février 1915, elle expose à Copenhague, avec les œuvres de Per, des poupées et des foulards peints qui n’avaient pas laissé indifférents les critiques de l’époque. Elle continuera à dessiner et à faire du batik ultérieurement.
Cette exposition se propose de retracer le parcours de cette figure éclectique du Tout-Paris de l’entre-deux-guerres.
A travers des reproductions d’œuvres d’art, de documents d’archives, des photos, Lucy Krohg va nous conduire dans son univers personnel et artistique bien plus complexe et riche que ce que laissent entendre les rares ouvrages qui en évoquent son nom en tant que muse de Pascin.
Montparnassienne par excellence
Muse, artiste, galeriste
Nous remercions Tom Krohg, petit-fils de Lucy, et Rosemarie Napolitano, experte de l’oeuvre de Pascin.